février 02, 2012

Dégustation de rêve (2ième partie)


Je suis de retour cette semaine avec la deuxième partie de la dégustation de rêve réalisée durant la période des fêtes. J’ai l’honneur et le plaisir de vous décrire 3 des plus grandes  réalisations vinicoles de cette planète.

Château Cheval Blanc Saint-Émilion premier grand cru classé A 1989
Après avoir dégusté rien de moins que le château Ausone, c’est le château Cheval Blanc qui nous attendait. Nous avions beaucoup d’attentes face à ce cru et nous étions quelque peu anxieux de le découvrir. Nous en avions tellement entendu parler…
De couleur rouge foncé légèrement ambré, nous avons remarqué d’entrée que le vin avait vieillit à merveille. En effet, l’olfaction nous a démontré que le vin serait extrêmement généreux avec nous. Des arômes primaires de fruits noirs étaient encore bien présents, entourés de notes de sous-bois, champignons sauvages  et de poivron rouge. Le bois est intégré à la perfection, quoique nous nous attendions à cette qualité. En bouche, quelle surprise… Une attaque encore bien présente, fringante, riche et plus qu’équilibrée.  Signature d’une très grande maison! Et la longueur… vraiment impressionnant! D’une suavité exceptionnelle, elle perdura jusqu’à la prochaine bouchée de notre repas. Ce vin était tout simplement parfait et vraiment à la hauteur de nos attentes. Le prochain cru devait donc nous en mettre plein la vue !

Château Mouton Rothschild 1989 premier cru classé
Nous changeons de rives pour ce cru. En effet,  les 2 premiers vins provenaient de la rive droite, avec leur concentration de merlot,  tandis que  le château Mouton Rothschild de l’appellation Pauillac est situé sur la rive gauche dans le Haut-Médoc et présente, comme principale cépage,  le cabernet-sauvignon.
À première vue, il était évident que nous aurions un vin beaucoup plus intenses que ceux dégustés auparavant. De couleur rouge foncé presque encre avec un léger reflet cuivré, ce grand cru a su défier et modifier le temps à sa guise. Il était presque impossible de prédire l’âge du vin. Au nez, des arômes de fruits noirs (cassis), de cuir, de fer, de tabac et d’épices étaient perceptibles. Des arômes de café légèrement torréfié sont dus au vieillissement en barrique de chêne. Nous avions devant nous un vin extrêmement complexe et très intriguant. En bouche, nous avions les mêmes arômes que ceux perçus à l’olfaction. Les fruits étaient encore présents, enrobés par le cuir et le côté sanguin du vin. Les tannins étaient soyeux et très délicat.
Un vin puissant, équilibré à souhait qui nous a surpris puisqu’il aurait pu encore vieillir quelques années. La composante sanguine de nos filets mignons était en accord parfait avec les tannins et les composantes animales et cuir du vin. Ajoutez quelques épices sur votre viande et vous aurez un accord moléculaire digne de ce nom!
Je comprends maintenant mieux mon professeur de sommellerie qui m’affirmait qu’un grand Bordeaux peu vieillir 25 ans et plus dans ses meilleures années. Parlant de vieillissement, le prochain vin est certainement le doyen parmi ses confrères. En effet, le château d’Yqem, dans ses meilleures années, peut vieillir plus de 35 ans.

Château d’Yqem 2004 premier cru supérieur
Que dire de ce Sauternes premier cru supérieur! Une merveilleuse idée de notre ami que d’apporter ce vin en dessert. Bien que jeune, il nous a offert ce à quoi nous nous attendions. C’est-à-dire concentration, richesse, intensité des arômes, équilibre et je manque de mot pour décrire tout ce que je ressens. D’une belle couleur jaune or aux reflets très brillants, ce nectar a tout pour épater la galerie. Aux arômes de miel, cire d’abeille, d’abricot, on peut deviner facilement son taux élevé de sucre. En bouche, l’acidité vient balancée à merveille le gras et l’opulence du château Yqem.  Pour reprendre l’expression d’un vieil ami, «  C’est de la soie liquide!» Et oui, il n’arrive que rarement aux sommeliers de dégusté l’élite des vins de Bordeaux.  J’ai vécu une expérience mémorable et le plus important est que j’étais entouré de gens exceptionnels!

Bonne semaine à tous!
Luc Gilbert